Souvenir de Guyane
Je suis seule, les parents sont partis tôt ce matin se balader en voiture. Aucune nouvelle,aucun moyen de communication et je ne sais à quelle heure ils vont rentrer. Il est maintenant 18h passé..
Je regarde le niveau des batteries du bateau, tout va bien elles sont à bloc. Il n’y a rien à faire, pas de télé , rien à la radio à part de la musique créole ou du zouk… Sous une petite lampe à LED, je décide de m’installer au salon sur le canapé en cuir blanc poisseux à cause du taux d’humidité battant des records.L’air est étouffant. La nuit tombe doucement le temps que j’installe les moustiquaires, me préparant à l’attaque des petits buveurs de sang fort redoutables.
Je choisis de lire un livre morbide de Stephen King. Tout est calme .. prise dans mon livre je me rappelle tout à coup que je suis seule sur un fleuve,seul bateau habité du mouillage de Degrad de Cannes , près du port si on peut appeler ça un port .
Je peux entendre sous la coque du bateau l’eau déchaînée glissant sur le gelcoat ,énervée par le fort courant de la marée montante . Mais aussi,il y a des crépitements et des raclements,signes de vie dans cette eau boueuse . Je m’amuse à me faire peur avec ces bruits inattendus comme les craquements de la boiserie intérieure qui travaille , elle aussi vivante .
Je ne peux sortir dehors,c’est l’heure du repas pour certains et je n’aie point envie de me badigeonner de crème répulsive et de faire rentrer au passage,quelques-uns de ces petits individus qui nuiraient à notre sommeil par leur vacarme incessant ou par leur piqûre irritante .
Dehors se mêlent les chants des bêtes de la forêt équatoriale.. Je distingue un chant d’insecte,de volatile et d’amphibien parmi beaucoup d’autres dont je ne peux savoir l’identité. La foret s’éveille en quelque sorte,on ne peut savoir ce qui s’y passe entre quelques cris,quelques craquements de branches …
Ainsi,seule dans mon canapé,prise par un coup de chaleur résultant de mon imagination débordante,je décide de mettre un fond musical et de chantonner pour oublier en quelque sorte ce qui m’entoure en attendant le retour attendu de ceux qui mettront fin à mes stupides frayeurs …
OR
Bravo Océane et merci pour ces petites tranches de vie plus poétiques les unes que les autres. Nous y avons ressenti ton plaisir de naviguer de nuit.Continue à écrire…
Bisous
Françoise et Michel