Océane a 17 ans et s’en va
J’ai toujours su que l’on n’était pas propriétaire de ses enfants. Encore moins lorsque je pense à Océane. Les Parents ont cette douloureuse responsabilité d’accompagner les enfants vers l’âge de raison, moment propice à leur envol. Même si cela me déchire, fier de ce qu’elle a accompli et de la jeune femme qu’elle est devenue, j’impulse ce dernier élan loin de nous, vers son autonomie.
Un chapitre va se terminer. Elle redoute les prochains, mais je suis convaincu qu’ils seront savoureux. Je me rappelle encore le plaisir de ces dernières années avant de recevoir les pesantes responsabilités des adultes. Une période unique de la vie pendant laquelle, la jeunesse, l’autonomie et l’insouciance se rassemblent.
Nous espérons que cette nouvelle vie n’effacera pas l’envie de nous retrouver. Parce qu’elle va nous manquer la petite. Avec ces coups de gueule et ses éclats de rire. Au capitaine aussi elle va manquer parce qu’elle a su devenir rapidement une équipière sur laquelle on pouvait compter. Et si le prix fut de l’entendre ronchonner, il était bien faible comparer à l’aide qu’elle a su m’apporter.
Je me souviendrais longtemps de cette navigation au Brésil. Naviguer plusieurs jours nécessite l’organisation de tours à la barre. Cela s’appelle des quarts. Un équipier veille pendant que les autres dorment. Océane, qui avait tout juste 16 ans, était donc seule à la barre. C’était la nuit. Le plafond nuageux était bas et dense. L’atmosphère était lourde, propice aux grains, et j’avais demandé à mon équipage de me réveiller dès LA premières gouttes de pluie. En effet, lorsque la température est suffisamment élevée, l’évaporation des gouttes de pluie crée un vent ascendant qui s’ajoute au vent réel pour en multiplier la vitesse par 2 ou plus ! Je redoutais donc ce phénomène sans savoir quand il allait se produire. Il se produisit pendant le quart d’Océane. Elle me réveilla en catastrophe à la troisième goutte de pluie ! 2 de trop ! Je m’en rappelle, comme si les souvenirs dataient d’hier, lorsque j’ai ouvert les yeux, la frayeur se lisait sur son visage. Il faisait noir. Un noir inquiétant. Aucune lumière ne venait traverser le néant. Pas de lune, pas d’étoile, pas de trace de la cote. Le vent soufflait bien au-delà des 35 nœuds. Océane avait eu le bon réflexe de lâcher les écoutes pour que les voiles se dégonflent. Le compas magnétique tournait sur lui même, seul signe visible de la rotation folle du voilier. Le phénomène passé, j’ai vu dans les yeux humides d’Océane tous les stigmates de la frayeur issue du moment qu’elle venait de vivre. J’admire encore aujourd’hui, en écrivant ces quelques mots, tout le sang-froid dont elle a fait preuve. Elle venait, sans le savoir, de gagner le respect indéfectible de son capitaine. Cette nana-là sera une sacrée nana !
Poursuis ton chemin sans crainte. Va de l’avant sans te sous-estimer. Ne laisse rien ni personne émousser toute la confiance que tu as acquise. Nous serons peut-être moins présents dans les prochaines pages du livre de ta vie, mais nous penserons à toi en attendant ton retour sur Tahaa.
Bon vent ma belle fille.
Le capitaine.
C’est vrai qu’elle est belle ! Comme disent les anciens, il va falloir filer du soufre… Je ne te connaissais pas ce talent de plume, très joli texte, tendre et émouvant!. Bon vent à Oceane et à Tahaa. Bises
Merci mais je n’ai aucun talent. C’est l’Océan qui fait ça. Si l’on y navigue suffisamment longtemps, certains boucliers se fissurent et l’envie d’écrire se réveille. Il suffit alors de laisser les sentiments atteindre notre conscience et ensuite la magie opère. Le marin ressent alors une nécessité de coucher ses idées sur le papier. Çà c’est la version romantique. On pourrait dire aussi qu’à force de s’emmerder à rien faire on se met à s’emmerder à écrire. A force d’écrire, on s’améliore ! Une version plus réaliste !
Tu es peut être loin , mais toujours là . Nous avons tous notre chemin, mais tu n es jamais très loin du mien. Tu ne t imagines pas le bien que cela me fait de savoir qu’il y a sur cet océan une personne qui compte même si je ne sais pas le dire . Mais au fonds de moi je sais qu’elle le sait . Tu es beau Fred . Il n y a plus de rail lorsque je te lis .
Nous avons tous été très émus par ton récit et celui d Oceane. C est vrai qu elle a grandi la miss! Elle est partie en pleine crise de l adolescence et nous revient en jeune fille mature, avec plein de souvenirs inoubliables que se soit en paysage qu en l être humain….. Vous nous manquez… Dans quelques jours Fred , tu auras 45 ans, je ne sais pas ou tu seras physiquement, mais tu seras dans notre cœur …… Gros bisous à vous 4 , bonne chance a Oceane pour cette nouvelle aventure
Quel talent caché ! Je suis très touchée par ce joli coup de clavier ( je ne peut dire plume car il n’est pas question d’encrier) dont je suis le sujet principal … Si vous voulez la notice de la « preparation post navigation » soit, mon ex-job, n’hesitez pas à me contacter !
j’ai des frissons a vous lire tous les 2… Pour avoir eu la chance de partager quelques moments magiques à vos côtés, je peux dire qu’océane est vraiment une jeune fille qui vaut le détour. Elle a peut être 16 ans mais dans sa tête et dans son coeur, la maturité a su faire sa place. J’espère un jour voir ma fille aussi déterminée, courageuse et volontaire qu’Océane. Malgré les coups de gueules entre le capitaine et son bras droit, il y a entre eux une réelle admiration et une reconnaissance qui a su les lier de façon si forte que les choses ne seront plus jamais pareille aprés son départ. Vous êtes une équipe formidable, vous 2 mais aussi caro et Jade qui force mon admiration quand je vois ce à quoi elle fond face haque jour. On ne vous dira jamais assez merci pour cette rencontre et cette experience de vie qui nous montre a chacun que l’essentiel est souvent là où on ne s’y attend pas. Gros bisous à tous les 4 et trés bon retour à Océane.
bonjour , je suis désolé pour ta fille mais comme on dit » laissons la vie faire » chacun doit réaliser ses propres choix même si parfois on se plante pour réaliser ses propres expériences de la vie . On a aimé et on continuera d’aimer non!!!!! Si tu me lis et si ce n’est pas trop tard je suis en Martinique du 11 au 21 mai à plus peut être en Martinique , surement en métropole bonne navigation et bonne rentrée