La traversée – un mot du cap’tain
La traversée de l’Atlantique. Voilà une idée qui pourrait en effrayer plus d’un. Il est maintenant clair que cette aventure ne peut être correctement appréhendée sans évoquer l’ensemble de nos navigations, prologue indispensable à la cohérence de l’histoire qui commença sur les rivages méditerranée et se termina sur ceux de l’état de Bahia.
Depuis Port Saint-Louis jusqu’au Cap-Vert, nous avons parcouru un long, mais nécessaire parcours initiatique au cours duquel chaque évènement, du plus anodin au plus marquant, a façonné notre expérience de telle sorte que la pensée de la traversée de l’Atlantique, effrayante il y a quelques mois ne nous impressionnait plus à la veille du grand jour.
Sans nous en rendre vraiment compte, une lente métamorphose avait opéré, nous transformant peu à peu en marins au long court.
C’est donc plein de sérénité, que nous avons dit au revoir au Cap-Vert, non sans une sincère émotion pour ce pays et son peuple que nous avons facilement appris à aimer.
La traversée fut finalement sans grand intérêt sinon celui d’être confronté à l’ennui et à un sentiment d’isolement. Une impression de lassitude jusqu’à ce que notre perception du temps se cale sur une routine quotidienne. La monotonie fut quelquefois bousculée agréablement par une variation dans la vitesse du vent, l’arrivée d’une perturbation, la pêche d’un poisson. Le sentiment d’isolement s’effaça peu à peu jusqu’à ce que le GPS nous rappelle à l’ordre en désignant un point perdu au milieu de l’Océan.
A terre, je suis connu comme quelqu’un d’actif. Soucieux, lorsque j’organise une sortie sportive, de remplir toutes les minutes par des moments intenses, en espérant finir agréablement épuisée. Sur l’eau, cela n’est pas possible, on ne peut pas décider du rythme de la journée. Alors on ralentit, on accélère à la cadence des exigences de la mer et du vent. Cette traversée fut celle d’un long ralentissement.